Jean-Marie Cherruault
Jean-Marie Cherruault nous propose une peinture soignée et raffinée, à contre courant de la création contemporaine, et répondant à l' attente d'un public amateur de création exigeante, sophistiquée et expressive.
Il nous dévoile ici son parcours, avec humour et légèreté...
"Quand je suis né, un pinceau à la main, le siècle dernier avait déjà 59 ans. J'ai beaucoup barbouillé mes cahiers à l'école comme on barbouille les "post-it" pendant une longue conversation au téléphone. On a l'apprentissage que l'on peut et il ne suffit pas d'un large béret de peintre pour forcer la considération.
L'exactitude du couvre-chef ne fait pas le talent, aussi, ma famille attentive, me fit passer un CAP de peintre en bâtiment afin de me construire des fondamentaux. Puis, un jour, passant discrètement devant "La Nativité" de Georges De Latour, je fus frappé de schizophrénie. Des monochromes le jour et Raphaël la nuit. Comme les chiens rêvent d'os de diplodocus, je rêvais de musées et le labeur me rendait plus fier que n'importe quel chef de service, même brillant.
Le lion n'a qu'à bien se tenir. A la hauteur de mes distractions en classe, j'en oubliais que sur le côté droit, il y avait la lumière du soleil et sur le côté gauche, je me forçais à déchiffrer les Vermeer, Ingres et bien d'autres. Copiez, il vous en restera toujours un peu. Aussi agité qu'une colonne de marbre au Louvre, je copiais les copistes. Il peut y avoir un effet de re-lavage qui déteint, mais l'originalité n'est peut-être qu'une vision de l'esprit. L'homme voudrait le chef d'oeuvre tout de suite, alors qu'il est accompagné de quelques larmes, ce qui l'attendrit un peu.
Le cerisier en fleur est prometteur, sauf si une petite gelée vient à traîner. J'ai appris à classer mes préférences comme on classe des champignons. La peinture est nue et l'homme l'habille de jupons et de dogmes. La peinture nous promène comme un bon vent et nous lâche ça et là, par distraction, devant un regardeur et un autre. C'est notre lot." Jean-Marie Cherruault