Jocelyne Le Preux
La Galerie Baylère à Thionville expose une série de photographies de
Jocelyne Le Preux.
Afin de nous éclairer sur son parcours et son travail artistique, la photographe répond à certaines questions :
Pourquoi avoir choisi la photo comme moyen d'expression ?
Créatrice et directrice de la galerie de l'Arbitraire à Dole de 1990 à 2002, épouse et agent du peintre Pierre Le Preux et animatrice de danse afro-contemporaine, toutes ces expériences au cœur du monde artistique, toutes ces rencontres avec des créateurs au fil du temps, m'ont permis de développer une sensibilité, une ouverture, un regard différent, personnel. Photographier c'est comme peindre, écrire ou danser. C'est créer un espace, choisir un sujet, travailler les ambiances, mettre en scène, prendre en compte la lumière, le mouvement et transmettre en un cliché la dimension poétique et le ressenti émotionnel.
Comment travaillez-vous ?
"Ici et maintenant". Il faut être là au bon moment pour fixer dans ma composition la rencontre avec une noix abandonnée par une pie, une herbe qui joue avec le vent, une plume sur un mur... Les intervalles m'intéressent, ce sont autant d'espaces "entre-deux" souvent ignorés où la vie se développe aussi.
Peut on parler de macro-photo ?
Macro photo ou photo rapprochée ? je ne sais pas ! Je révèle par le choix du cadrage des petites choses de la vie. Un clic... et elles existent comme des entités extraites de leur contexte naturel. C'est au cours de promenades pédestres que la nature m'offre ces signes, ces détails, ces traces. Souvent l'œil du promeneur ne les prend pas en compte, tellement occupé à balayer du regard la globalité du paysage. Mes compositions sont naturelles. Il n'y a pas de ma part de mise en scène physique, pas de retouches.
Quel appareil photo, quel matériel utilisez-vous ?
Pour moi, peu importe la technique. Je me plais à citer les paroles de Mario Giacomelli qui s'est servi toute sa vie d'un vieil appareil rafistolé : « Ce qui m'intéresse, ce sont les signes que trace l'homme sans le savoir, mais sans faire mourir la terre. Ce n'est qu'alors qu'ils ont un sens pour moi, ils deviennent émotion. Finalement, photographier, c'est comme écrire : le paysage est plein de signes, de symboles, de blessures, de choses cachées."